La sécurité au travail est une préoccupation majeure pour les employeurs et les employés. Bâtiment, chimie, agro-alimentaire, milieu hospitalier… nombreux sont les métiers et secteurs d'activité soumis à des risques spécifiques. L'un des moyens les plus efficaces de s'en prémunir est de recourir à des équipements de protection individuelle.
Pour de nombreux professionnels, la journée commence par ce rituel immuable revêtir son équipement de protection. S'il s'agit d'une corvée pour certains, la plupart d'entre eux sont en revanche convaincus de l'utilité d'une telle mesure. En effet, chaque activité présente des risques. Les employeurs le savent bien. Il est d'ailleurs de leur responsabilité de mettre en place les mesures nécessaires pour protéger leurs salariés. L'article L.4121-1 du code du travail est clair à ce sujet :
« L'employeur prend les mesures nécessaires pour assurer la sécurité et protéger la santé physique et mentale des travailleurs ». |
Soucieux du bien-être des salariés, le code du travail se montre même encore plus explicite dans son article R4321-1 en précisant que l'employeur a l'obligation de fournir à ses salariés et à ses intérimaires des équipements de protection individuelle à titre gratuit et de s'assurer de leur utilisation. L'employeur doit aussi veiller à leur bon fonctionnement et à leur entretien, à prodiguer l'information et la formation nécessaires aux employés. La remise d'équipements et la transmission des consignes d'utilisation doivent d'ailleurs être formalisées au sein de protocoles.
Un équipement de protection individuelle (EPI) est un dispositif ou un vêtement conçu pour protéger la santé et la sécurité d'une personne au travail ou dans des situations où des risques pourraient lui causer des dommages. Les EPI sont utilisés pour réduire les risques liés à différents dangers tels que les substances chimiques, les agents biologiques, les bruits, les chutes, les projections, les radiations, les températures extrêmes, etc.
Les EPI peuvent inclure une large gamme d'articles, tels que des casques de sécurité, des lunettes de protection, des gants, des chaussures de sécurité, des masques respiratoires, des combinaisons de protection, des harnais de sécurité, des bouchons d'oreille, des vêtements ignifuges, des écrans faciaux, etc. Chaque type d'EPI est conçu pour offrir une protection spécifique en fonction des risques auxquels les travailleurs peuvent être exposés.
Il est important de choisir les EPI appropriés en fonction des dangers identifiés sur le lieu de travail et de s'assurer qu'ils sont utilisés correctement.
Les équipements de protection individuelle sont classés en trois catégories, en fonction du niveau de protection qu'ils offrent. Ces catégories sont définies par la réglementation européenne (norme EN 13274-1:2019) et sont largement utilisées comme référence dans de nombreux pays.
Catégorie I
Cette catégorie concerne les EPI de base qui sont conçus pour offrir une protection contre des risques mineurs. Ils sont destinés à être utilisés dans des environnements où les risques pour la santé et la sécurité sont considérés comme faibles. . Dans cette catégorie, les EPI peuvent être évalués par le fabricant lui-même.
Catégorie II
Cette catégorie concerne les EPI intermédiaires qui offrent une protection contre des risques modérés. Ils sont destinés à être utilisés dans des environnements où les risques pour la santé et la sécurité sont considérés comme plus importants. Les EPI de catégorie II doivent être soumis à une procédure d'évaluation de conformité impliquant un organisme notifié (organisme indépendant agréé).
Catégorie III
Elle concerne les EPI les plus complexes et offrant la plus haute protection. Ils sont conçus pour protéger contre des risques graves pouvant entraîner des conséquences irréversibles pour la santé ou la vie de l'utilisateur. Les EPI de catégorie III doivent être soumis à une procédure d'évaluation de conformité impliquant un organisme notifié.
Bien sûr, ces équipements doivent être adaptés aux spécificités de chaque secteur d'activité et de chaque entreprise. C'est le cas, notamment, des milieux hospitaliers ou de l'agro-alimentaire qui exigent des équipements à usage unique spécialisés. Dans ces secteurs d'activité, les risques sont davantage liés à d'éventuelles contaminations biologiques. Chaque risque doit donc être dûment évalué, à la suite de quoi l'entreprise doit prendre des mesures relatives à l'utilisation de chaque équipement. Le mode de transmission des agents biologiques influera grandement sur le choix des protections adéquates.
Dans les milieux des soins à la personne, le port des gants est l'une des règles de base pour assurer la prévention de la transmission croisée soignant/soigné. " Les gants médicaux doivent répondre à la norme NF EN 455. Ils sont indispensables si l'opérateur risque d'entrer en contact avec les muqueuses et la peau lésée d'un patient, avec du sang ou tout autre produit d'origine humaine», précise l'Institut National de Recherche et de Sécurité. Dans certains cas (interventions chirurgicales ou contact avec des patients très contagieux), le port de deux paires de gants est obligatoire. Bien sûr, ces gants doivent être changés entre deux patients. Ils doivent même être stériles dans le cas de certaines interventions.
Les muqueuses oculaires, nasales et buccales constituent aussi des portes d'entrée particulièrement vulnérables aux agents biologiques. Ainsi, dans certains secteurs, d'autres équipements de protection peuvent s'avérer nécessaires, comme par exemple des lunettes et des protections respiratoires adaptées.
Les entreprises de propreté représentent, elles aussi, une forte demande en matière d'équipement de protection. Les agents sur le terrain doivent s'adapter aux spécificités dictées par l'activité et l'environnement de leurs clients. L'entretien des bureaux, des sanitaires, des parties communes d'immeubles ou encore des TGV, nécessite à chaque fois une approche spécifique. Vêtement de protection, gants et chaussures de sécurité sont les équipements de base qui ont parfois besoin d'être complétés dans le cadre d'activités à risque (milieu de la chimie, par exemple).
Bien sûr, tous les secteurs d'activité n'exigent pas le même degré de précaution. En revanche, un même principe s'impose à tous : seule une bonne analyse des risques et la mise en application de mesures de protection appropriées peuvent permettre d'assurer une bonne prévention.
Interview de Pascal Ernoult, Responsable Achats et QSSE* - DeCA PropretéLe principe de précaution est de plus en plus prégnant. Dans quelle mesure recourez-vous aux EPI au sein de votre entreprise ? Nous sommes spécialisés dans le nettoyage industriel et nous n'intervenons qu'en milieu professionnel. Nos besoins sont donc liés au secteur d'activités de nos clients. Nous réalisons beaucoup de nettoyage de bureaux mais nous intervenons aussi dans l'industrie, le milieu hospitalier ou encore dans les communs d'immeubles et sur de la vitrerie. Nous utilisons beaucoup de chaussures, pantalons, vestes et chasubles à destination de nos collaboratrices et collaborateurs. Tout dépend en réalité des missions que nous avons à mener. Par exemple, pour la vitrerie, nous utilisons des vêtements de pluie, chaussures de sécurité, casques, harnais. Pour ce qui concerne spécifiquement les EPI à usage unique, nous utilisons principalement des gants.
Il est certain que le principe de précaution est de plus en plus prégnant. Cela se ressent dans notre activité. Nous sommes désormais plus vigilants qu'avant sur ces questions d'autant qu'en ce qui me concerne, je suis à la fois Responsable des achats et Responsable OSSE*. Nous menons de nombreuses actions de sensibilisation auprès de nos salariés. Auparavant, nous étions focalisés sur la sécurité. Désormais, nous sommes aussi très mobilisés sur tout ce qui concerne la santé, en prenant en compte les effets à long terme comme les troubles musculo-squelettiques, par exemple. Comment vos équipes accueillent-elles la nécessité de porter ces équipements ? Il y a vraiment toutes les situations. Certains vivent ces équipements comme une contrainte. A l'inverse, d'autres sont demandeurs. Les encadrants des agences assurent des formations auprès de nos agents et, en complément, nous avons des auditeurs-formateurs qui dispensent des formations de tous types dont certaines dédiées au port des EPI et au respect des règles de sécurité. |
Interview de Xavier Gudayol, Responsable des Achats - Derichebourg PropretéLes EPI s'inscrivent dans une démarche volontaire de maîtrise des risques. Quelle utilisation avez-vous des équipements personnels de sécurité ? A partir du moment où nos agents de service sont présents sur des sites où il y a des risques identifiés, les EPI sont obligatoires. Cela peut aller des chaussures de sécurité aux lunettes, en passant par des gants ou des masques. Tout dépend du lieu d'intervention de la prestation. Je travaille en lien avec le Responsable Qualité Hygiène Santé et Environnement. Par exemple sur un site agro-alimentaire, il y a des exigences supplémentaires en termes d'hygiène : il ne faut pas que des boutons puissent tomber dans les préparations alimentaires. Dans ce cas, nous utilisons des EPI spécifiques sans boutons et sans poches extérieures. Par ailleurs, notre objectif est d'arriver à zéro accident de travail, du coup, notre direction met en place des protocoles pour que, sur chaque environnement de travail, il y ait une liste définie des EPI à porter de manière obligatoire. Les EPI s'inscrivent dans une démarche volontaire de maîtrise des risques. Formez-vous vos équipes par rapport à l'utilisation des EPI ? Mes collègues de la sécurité ont mis en place un process standardisé et pédagogique par rapport au port des EPI. Nous nous assurons aussi que nos fournisseurs nous accompagnent lorsque nous remportons un appel d'offres auprès d'un nouveau client qui a des exigences spécifiques en matière de sécurité. Les équipes sur le terrain sont satisfaites que nous leur mettions à disposition des équipements adaptés garantissant leur sécurité. Au niveau des achats, nous nous efforçons de leur acheter des produits qualitatifs car ce sont des équipements portés au quotidien. Favoriser uniquement le prix reviendrait à faire un compromis au niveau du confort et pourrait donc inciter nos employés à ne pas porter leur équipement au quotidien. |