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Troubles musculo-squelettiques (TMS) : causes et remèdes

En constante augmentation, les troubles musculo-squelettiques (TMS) sont devenus la première cause de maladie professionnelle en France. Des affections qui peuvent toucher l'ensemble des articulations lorsque le corps est trop sollicité, toutes professions confondues. Voici quelques pistes pour comprendre les TMS et les prévenir.

Les TMS, c'est quoi ?

Les TMS, ou troubles musculo-squelettiques, font référence à un ensemble de problèmes de santé affectant les muscles, les tendons, les nerfs et les articulations. Ils surviennent généralement à la suite de mouvements répétitifs, d'efforts excessifs, de postures prolongées, de charges lourdes ou d'autres facteurs liés aux activités professionnelles ou aux tâches quotidiennes. Les TMS peuvent se manifester sous la forme de douleurs, de raideurs, d'inflammations ou de limitations fonctionnelles.

 

Quels TMS sont les plus fréquents ?

Les troubles musculo-squelettiques (TMS) varient en fonction des secteurs d'activité et des types de tâches effectuées. Les parties du corps les plus fréquemment touchées sont les membres supérieurs (main, poignet, épaule, coude), le dos et plus rarement les genoux.

Parmi les TMS les plus fréquents, on peut retrouve :

 > Syndrome du canal carpien avec 38% des cas;
 > Syndrome de la coiffe des rotateurs à l'épaule, 30% des cas;
 > Épicondylite latérale au coude, 22% des cas ;
 > Lombalgies (douleurs dans le bas du dos) avec 7% des cas.

 

Les TMS : première maladie professionnelle

Aujourd'hui, les TMS représentent plus de 87 % des maladies professionnelles déclarées. Elles sont en forte augmentation, de 15 à 20 % chaque année depuis 20 ans : une conséquence directe de l'intensification du travail. Ce véritable enjeu de santé publique en France témoigne en effet d'une pénibilité accrue dans presque toutes les professions, quelle que soit la taille de l'entreprise. « Je reçois beaucoup de manutentionnaires, d'ouvriers sur les chaînes ou dans le bâtiment. Mais ceux qui travaillent dans les bureaux ne sont pas épargnés : ils souffrent de douleurs au poignet chroniques lorsqu'ils utilisent trop la souris. C’est principalement la répétition des tâches qui entraîne des TMS », explique Laure Bret, médecin généraliste à Poissy (78). Certains métiers sont en première ligne, comme ceux liés au nettoyage et à l'aide à la personne, notamment dans les hôpitaux.

 

Quelles sont conséquences pour les salariés et les entreprises ?

Les travailleurs sont confrontés à de multiples conséquences des troubles musculo-squelettiques qui, à long terme, peuvent altérer leur qualité de vie. Parmi ces conséquences figurent les douleurs, les limitations de capacités, voire le handicap, qui peuvent parfois entraîner désinsertion du monde professionnel. En France, la lombalgie représente la première cause d'inaptitude au travail avant 45 ans et 45% des TMS entraineraient des séquelles lourdes impliquant une incapacité permanente.

Pour les entreprises, les TMS ont un impact considérable sur la performance globale. Ils entraînent des conséquences telles que l'absentéisme, la baisse de productivité, la diminution de la qualité du travail, la désorganisation des équipes, la détérioration de l'atmosphère de travail, une mauvaise image de l'entreprise, des difficultés de recrutement, des inaptitudes au travail et la nécessité d'adapter les postes de travail. Chaque année, 22 millions de journées de travail seraient perdues à causes des TMS et du mal de dos pour un coût de 2 milliards d'euros

 

Du traitement à la prévention

Quel est le traitement adapté ?

Le traitement des patients atteints de TMS se fait à plusieurs niveaux : une fois la douleur soulagée, l'implication des acteurs de l'entreprise est indispensable pour remédier aux troubles. « Dans un premier temps, je prescris des anti-inflammatoires, je fais des arrêts de travail, j'oriente mes patients vers des kinés. Mais cela ne suffit pas : j'envoie aussi régulièrement des courriers à la médecine du travail pour qu'elle intervienne dans l'entreprise. Je demande par exemple de modifier l'ergonomie des fauteuils, d'augmenter les rotations de poste pour limiter les mouvements répétitifs ou encore de changer les postures de travail lorsque c'est possible », souligne le Dr Bret.

 

Comment prévenir les risques en entreprise ?

L'acquisition de machines ou de mobilier anti-TMS est de plus en plus privilégiée par les chefs d'entreprise du tertiaire pour limiter les risques de TMS : fauteuils avec support dorsal et repose-pieds, support d'écran pour avoir les yeux à la bonne hauteur, tapis de souris avec repose-poignet...

Pour les métiers où les salariés sont confrontés à la manutention répétée d'objets lourds, il faut essayer de faire chaque geste dans la position la moins contraignante, pour les muscles sollicités ne pas forcer lorsqu'on fait un mouvement ou encore réduire le plus possible la répétition des gestes. L'assistance de bras articulés type exosquelette représente également une solution d'avenir pour la prévention des maladies professionnelles. Cette machine prend la forme d'un gros sac à dos sur lequel sont attachés deux bras mécaniques sur ressorts qui aident à supporter des charges lourdes. A la clé, moins de pénibilité et d'accidents de travail. Côté prévention, la pratique d'une activité physique régulière est vivement recommandée pour entretenir musculation et souplesse articulaire. « Je conseille à mes patients de s'échauffer avant de commencer à travailler comme s'ils allaient faire un footing et de bien s'étirer après. On n'y pense pas forcément mais l'hydratation est aussi très importante pour prévenir les tendinites », indique Laure Bret.

Des gestes simples qui gagneraient à être rappelés dans le cadre de démarche de prévention. L'entreprise a autant à y gagner que les salariés : les absences et les incapacités fonctionnelles dues aux TMS entraînant inévitablement une perte de productivité.

 

Interview d'Hind Sliman, Kinésithérapeute à Paris

De quoi se plaignent les patients souffrant de troubles musculo-squelettiques ?
Les patients me racontent souvent qu'ils ont commencé à ressentir une petite douleur dans la zone lombaire qu'ils ont soignée avec un doliprane, jusqu‘au moment où ils n'ont plus réussi à se lever du lit ou à saisir un objet par terre...
Notre corps est une chaine musculaire, si la zone lombaire souffre, cela se répercute forcément dans d'autres zones. Aujourd'hui, 70% de ma patientèle est concernée par les troubles musculosquelettiques. C'est le mal du siècle !


Comment expliquer cette recrudescence des TMS ? 
Les TMS se sont accentuées ces 15 dernières années en raison de notre mode de vie et notamment du manque d’activité physique. Nous sommes sans arrêt dans le stress et la rapidité, nous pratiquons moins de sport, nous prenons l’ascenseur au lieu des escaliers…
Notre façon de travailler joue beaucoup aussi : nous sommes tout le temps assis devant l’ordinateur (cadres, assistants…) ou bien nous piétinons debout pendant des heures (vendeurs, coiffeurs…), ce qui déforme la colonne vertébrale dans les deux cas. 


De quelle façon soignez-vous vos patients ? 
A court terme, j'essaie de calmer la douleur par des massages pour soulager les muscles, et des étirements actifs. Ensuite, j'interroge mes patients pour corriger les habitudes de la vie quotidienne : dans quelle position lisent-ils dans le lit ? Comment sont-ils assis quand ils mangent ?...

Il faut avant tout se tenir avec le dos bien droit. Au travail, je leur rappelle de ne jamais rester trop longtemps assis dans la même position et toutes les deux heures, de s'étirer et marcher.

Enfin, je conseille le port de semelles orthopédiques faites sur mesure par un podologue : elles corrigent l'appui du pied ce qui permet de soulager le bassin, en particulier pour les personnes qui travaillent debout comme les vendeurs.